Iran : nouvel Eldorado, ou possible mirage... ?
La levée des sanctions contre le régime de Téhéran après l'accord international sur le programme nucléaire iranien offre de réelles opportunités de commerce international avec ce pays. Toutefois le paysage n'est pas sans nuage, ou potentielles illusions.
L'Iran un marché potentiel
Mais encore faut-il que les acteurs sur le marché, c'est-à-dire d'un côté, les autres pays producteurs et de l'autre, les sociétés pétrolières laissent un peu de place pour les uns, et prennent des décisions d'investissement pour les autres.....
Une croissance incertaine de l'industrie pétrolière
Le rythme d'une nouvelle croissance de l'industrie pétrolière et gazière iranienne est donc fort incertain, d'autant plus, que la Russie, alliée actuel, verra d'un très mauvais œil cet accroissement de l'activité iranienne qui viendra concurrencer ses propres positions de fournisseur en Europe et en Asie.... !
L'envolée aéronautique
La venue du Président Rohani et la signature annoncée d'un très important contrat pour Airbus, est certes une avancée spectaculaire vers l'Eldorado... d'autant plus qu'il faut ajouter à ce projet celui de l'achat de 40 avions turbopropulseurs ATR.... Et l'envolée n'est pas finie puisque que le Vice-Ministre des Transports a déclaré dimanche dernier que son pays souhaitait engager des négociations avec Boeing pour un niveau de contrat équivalent.... Bout à bout, nous sommes devant un portefeuille de contrats pouvant atteindre 20 milliards de dollars...
En dehors du niveau particulièrement élevé, et donc des questions de financement, il en ressort une image, une symbolique du retour de l'Iran, mais qu'en sera-t-il dans quelques temps ? Les capitaux gelés à l'étranger ne seront pas inépuisables.
Le marché automobile
Les limites des statistiques et des chiffres
Le graphique ci-dessous également publié par la Banque Centrale d'Iran montre clairement le résultat positif de la politique monétaire menée, avec une baisse marquée du taux d'inflation, mais comme on le voit sur le graphique précédent au détriment du taux de croissance. Telle est la situation économique actuelle qui ne ressemble pas à un Eldorado.
En ce qui concerne les réserves énergétiques, la situation mondiale du marché du pétrole, par la chute des prix fait perdre à l'Iran, comme aux autres pays exportateurs d'ailleurs, 65% de ses recettes pétrolières par rapport à 2014...
Il convient donc de prendre avec une extrême prudence les déclarations annonçant une mise sur le marché par l'Iran de 500.000 barils par jour dans les prochains mois. La rudesse, la longueur, la complexité des négociations sur leur programme nucléaire a fait voir au monde l'habileté des diplomates iraniens dans les négociations internationales. Ils peuvent garder la même habileté dans les effets d'annonce savamment orchestrés, allant dans le sens de l'augmentation prochaine de leurs ressources financières, facilitant ainsi l'ouverture de nouveaux crédits....
Or l'on peut affirmer, au regard de la situation mondiale du marché pétrolier, que tout volume supplémentaire de pétrole brut mis sur le marché ne peut conduire qu'à une augmentation du volume déjà excédentaire de l'offre sur le marché mondial, et donc par la même alimenter la baisse des prix, ce que nous avons vu s'accentuer ces dernières semaines... justement en prévision de l'arrivée de barils supplémentaires en provenance d'Iran... !
Les questions financières
Comme le résumait une dépêche Reuters ce 22 Janvier : « Les sanctions américaines interdisent aux banques et aux compagnies d'assurance basées aux Etats-Unis toute transaction commerciale avec l'Iran mais elles empêchent aussi de réaliser des opérations avec l'Iran libellées en dollar américain via le système financier américain. »
Il y a bien sûr beaucoup d'autres voies bancaires possibles, ne serait-ce que les transactions dans toute autre devise que le dollar américain, mais ces dispositions signifient clairement que les potentiels contrats et financements entre les Etats-Unis et l'Iran devront encore attendre quelques temps......
Les autres points de friction
La question du programme nucléaire militaire ayant été résolu dans le cadre que nous connaissons depuis le 14 juillet dernier, une autre question, moins hautement symbolique que le nucléaire, mais tout aussi épineuse sur le plan stratégique, s'envenime, il s'agit du programme des fusées militaires.
La confrontation des espoirs et des réalités
https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/iran-nouvel-eldorado-ou-possible-mirage-546035.html