Iran : Perspectives de changement
29 juin 2018
Le vendredi 29 juin 2018 s'est tenu à Roissy-en-France un
colloque organisé par la Fondation d'Études pour le Moyen-Orient portant sur
les perspectives de changement en Iran.
À cette occasion, au cours de quatre différents panels de discussion, de nombreux intervenants (chercheurs, diplomates, editorialistes et militaires) ont partagé leurs analyses tant sur la situation politique et sociale actuelle que sur l'avenir du régime iranien et la nature des relations diplomatiques et commerciales futures avec l'Iran.
Les débats ont été suivis par une assistance attentive et prestigieuses composés de chercheurs, d'analystes, de journalistes, de diplomates et de personnalités comme Rudy Giuliani, l'ancien maire de New-York.
Le programme
Allocution d'ouverture de M. François Colcombet, Président de la FEMO, ancien magistrat à la Cour de Cassation et ancien député.
Politique sur l'Iran
11:00 - 12:30
Modérateur: Lincoln Bloomfield, ambassadeur, chercheur émérite et président honoraire du Stimson Center, ancien secrétaire d'Etat adjoint aux affaires politico-militaires des Etats-Unis.
- Giulio Terzi, ancien ministre des Affaires étrangères de l'Italie et ambassadeur auprès de l'ONU
- Linda Chavez, ancienne directrice de la relation publique de la Maison- Blanche
- Adam Ereli, ambassadeur, ancien porte-parole du département d'Etat américain et ambassadeur à Bahreïn
- Robert Torricelli, membre démocrate du Senat des Etats-Unis de 1997 à 2003 ; a siégé́ pendant 14 ans à la Chambre des représentants des États- Unis
- Paulo Casaca, Directeur Exécutif du « South Asia Democratic Forum » et ancien député Européen
- Maria S. Ryan, présidente du Cottage Hospital de Woodsville dans le New Hampshire
Les Gardiens de la révolution (CGRI) et l'ingérence dans la région
14:30 - 16:00
Modérateur : Walid Phares, expert du terrorisme et des affaires du Moyen-Orient
- Raid Yassine, ambassadeur du Yémen à Paris, ancien ministre des Affaires étrangères du Yémen
- Charles Wald, général, ancien commandant adjoint du Commandement des États-Unis pour l'Europe
- James Conway, général, ancien commandant du corps des U.S. Marine.
- Frédéric Encel, universitaire et chercheur en géopolitique, spécialiste du
Moyen-Orient
- Mohammed al-Sulami, Président de l'Institut International pour les études Iraniennes
- Yves Thréard, Editorialiste du Figaro
Le CGRI et les sanctions
16:05 - 17:35
Modérateur : Lincoln Bloomfield
- Robert Joseph, ambassadeur, envoyé spécial des États-Unis pour la non- prolifération nucléaire et sous-secrétaire d'État à la maîtrise des armements et à la sécurité internationale jusqu'en 2007
- Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS)
- Michael Pregent, analyste pour le Moyen-Orient, Hudson Institute
- Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur à l'Institut Thomas More et chercheur à l'Institut Français de Géopolitique (Université Paris VIII Vincennes-Saint-Denis.
- Eduard Lintner, ancien ministre adjoint de l'intérieur de l'Allemagne
Protestations en Iran et rôle de l'opposition
18:00 - 19:30
Modérateur : Mitchell Reiss, ambassadeur, ancien directeur du département d'État américain chargé de la planification des politiques et envoyé spécial pour le processus de paix en Irlande du Nord
- Michael Mukasey, ancien procureur général des États-Unis
- Louis Freeh, ancien directeur du FBI
- Sid Ahmed Ghozali, ancien Premier ministre de l'Algérie.
- John Baird, ancien ministre des Affaires étrangères du Canada
- Struan Stevenson, coordinateur pour le changement en Iran, ancien
président de la délégation du Parlement européen pour les relations avec
l'Irak
- Yves Bonnet, Préfet honoraire et ancien directeur de la DST
La journée de discussions a été ouverte par le Président de la FEMO, M. François Colcombet, qui, après avoir vivement remercié tous les intervenants de leur présence, a tenu à rappeler les principaux enjeux pour l'avenir de l'Iran. Selon lui, le livre publié l'an dernier par la FEMO (Où va l'Iran ?, aux éditions Autrement) était prémonitoire dans la mesure où il annonçait que l'accord de Vienne ne tiendrait pas. Aujourd'hui, maintenant que l'histoire a confirmé cet événement, il convient de s'interroger sur l'avenir politique et social du pays. Une grande partie des problèmes au Moyen-Orient dépendent de l'attitude de l'Iran. Comme l'a affirmé M. Colcombet, le problème de ce pays est son régime, mais celui-ci est à la fois la cause et la solution aux troubles que subit la région.
Politique sur l'Iran
Le premier panel de discussion avait pour objet la politique sur l'Iran. Les intervenants ont ainsi pu discuter de la politique menée par les Occidentaux vis à vis de la république islamique.
Le débat a été modéré par M. Lincoln Bloomfield, ambassadeur, président honoraire du Stimson Center et ancien secrétaire d'État adjoint aux affaires politico-militaires des Etats-Unis. Selon lui, beaucoup de sanctions ont été mises en place à l'égard de l'Iran car il y avait très peu de confiance des dirigeants américains envers leurs homonymes iraniens. Lorsqu'un nouvel accord a été signé en 2015, il y avait toujours un grand manque de confiance du à l'agressivité de l'Iran. Aujourd'hui, Le président Trump a souhaité se retirer de l'accord nucléaire et cela pose problème aux dirigeants européens qui souhaitent continuer de négocier avec le régime. Un des problèmes majeurs dans cette querelle est le manque d'informations considérable sur le programme nucléaire iranien. Comment les américains et les européens peuvent-ils s'unir, et comment par la suite s'accorder avec l'Iran ?
Giulio Terzi, ancien ministre des Affaires étrangères de l'Italie et ambassadeur auprès de l'ONU, a rappelé qu'il était extrêmement important d'établir une discussion claire entre les institutions européennes et l'administration américaine afin de trouver un point d'entente, notamment au niveau des relations économiques. Les récentes actions du régime iranien, dans le but de provoquer la division du peuple iranien, sont inacceptables. Nous, Européens et Américains, ne pouvons pas accepter que les dirigeants de l'Iran cherche a effacer l'opposition. Beaucoup des revenus du pays ont été utilisés afin de financer des groupes terroristes. Les dirigeants européens doivent aujourd'hui afficher une ligne claire, surtout en matière de commerce. En effet, de nombreuses grandes entreprises italiennes se demandent pourquoi elles doivent se retirer d'Iran alors que c'est leur propre gouvernement qui les a poussé a s'y installer quelques années auparavant.
Selon Robert Torricelli, membre démocrate du Sénat des États-Unis de 1997 à 2003, il semble que la politique de Trump sur l'Iran corresponde à la pensée générale à propos de l'Iran. Aujourd'hui, personne ne peut penser qu'il existe un avenir avec l'Iran au sein de la communauté internationale. Bien que changer le régime soit dangereux et qu'il implique un risque d'externalités négatives, celui ne peut rester en place après ses implications en Syrie et en Irak. Si l'Iran veut rester dans la famille des Nations, il doit pouvoir fonctionner avec une économie, un gouvernement, des échanges et un leadership normal. Il ne devrait pas y avoir d'accord séparés avec l'Europe. Pour cela, et pour supporter le peuple iranien, cela implique un changement de régime.
Linda Chavez, ancienne directrice de la relation publique de la Maison-Blanche, a fait remarquer que la question des sanctions est relativement inquiétante : les Etats-Unis seront-ils en mesure de mettre en place les sanctions économiques nécessaires à venir dans le respect des iraniens et pourra-t-il y avoir un accord avec les européens alors qu'il semble y avoir une rupture avec les américains sur la question iranienne ?
L'Iran est aujourd'hui une force déstabilisatrice dans toute la région et le changement doit être mené par les Iraniens eux mêmes dans le respect de la démocratie. Ce que Mme Chavez espère est que l'administration américaine discute de plus en plus avec la résistance iranienne, afin de s'accorder sur les caractéristiques démocratiques indispensables au changement de régime que Mme Radjavi souhaite apporter à l'Iran. Il faut désormais que la Maison-Blanche parle davantage de ce qu'il se passe actuellement en Iran et des manifestations à cet égard, car les Etats-Unis ont toujours promu la démocratie dans le monde depuis la Seconde Guerre Mondiale.
Lire l'intervention de Mme Linda Chavez
Maria Ryan, présidente du Cottage Hospital de Woodsville dans le New Hampshire, est revenue rapidement sur l'histoire de l'Iran alimentée par une richesse culturelle et un progressisme certain mettant en avant les femmes dans la société. Ces progrès ont étés abandonnés par le régime des Mollahs qui oppressent désormais leur peuple en oubliant totalement le respect des droits de l'homme. Les dernières manifestations à Téhéran montrent que le régime n'est plus populaire et que la révolte provient de la société elle-même, mais celle-ci doit être soutenue. En effet, selon Mme Ryan, les américains et européens doivent, au delà des sanctions économiques et la sortie de l'accord nucléaire, soutenir l'opposition. Le plan en 10 points proposé par la présidente de l'opposition iranienne, Mme Radjavi, correspond parfaitement aux exigences démocratiques des Etats-Unis : un suffrage universel et transparent, l'égalité des sexes, un pays libre.
Adam Ereli, ambassadeur, ancien porte-parole du département d'État américain et ambassadeur à Bahreïn, a souligné que les dernières manifestations contre le régime ont été d'une ampleur exceptionnelle. Selon lui, elles montrent que les sanctions ont fonctionné : d'une part le régime n'est plus soutenu, mais d'autre part la détresse du peuple iranien est indéniable. Ce sont les deux faces d'une même pièce. Selon M. Ereli, il faut aujourd'hui accentuer la pression sur le régime et donc les sanctions. Celles ci doivent fonctionner rapidement afin que le peuple iranien, qui doit être soutenu, ne souffre pas trop longtemps de la misère. Aussi, il faut partager le plus possible avec les iraniens, et pour cela, utiliser les réseaux privés pour diffuser le message de la résistance démocratique.
Paulo Casaca, ancien député Européen, se demande quelles sont les raisons pour lesquelles les européens souhaitent tant continuer à négocier avec l'Iran. Le comportement des dirigeants européens doit pourtant être clair quant à leurs positions sur l'Iran. Il est vital de réconcilier les rapports entre les européens et les américains. Les 12 points proposés par Mike Pompeo pour un nouvel accord avec l'Iran sont excellents. Paulo Casaca dénonce la corruption au sein des institutions européennes qui empêchent une politique claire et ferme vis à vis de l'Iran. Sur la question de l'implication Iranienne en Syrie, Casaca affirme que les gens qui informent sur la situation sont liés au régime iranien. Nous sommes bien sur pour la liberté d'information, mais il ne faut pas être naïf. L'Iran est la source majeure de désinformation à propos de la Syrie.
Les Gardiens de la révolution (CGRI) et l'ingérence dans la région
Cette discussion a été modérée par Walid Phares, expert du terrorisme et des affaires du Moyen-Orient. Selon lui, ce panel est très intéressant dans la mesure où il attrait au nerf de la guerre, au cœur du régime iranien et son expansion dans la région. Ses premiers contacts avec l'Iran ont été lors de l'écriture de son livre sur le régime iranien lors de laquelle il a réalisé que les dynamiques géopolitiques de l'Iran avaient inscrit l'expansionnisme dans la région dans son ADN même.
Raid Yassine, ambassadeur du Yémen à Paris, ancien ministre des Affaires étrangères du Yémen, a mis en avant le sujet de la présence iranienne au Yémen. L'ingérence iranienne au Yémen est aujourd'hui évidente dans la mesure où l'Iran arme les rebelles houthis. En faisant cela, l'Iran viole l'embargo sur l'Iran et ne respecte par la résolution 2216 du Conseil de Sécurité de l'ONU qui interdit la livraison d'armes aux houthis et leurs alliés. Toutefois, ceux-ci utilisent des nouvelles technologies telles que des drones kamikazes ou des véhicules armés non piloté provenant évidemment d'Iran. Il souligne effectivement que beaucoup d'experts iraniens et de membres du Hezbollah libanais mènent des actions hostiles au Liban.
Selon Charles Wald, général et ancien commandant adjoint du Commandement des États-Unis pour l'Europe, les sanctions mises en place, basées sur beaucoup d'espoir et de naïveté, n'ont pas permis de modérer les comportements de l'Iran. Cela s'avère d'ailleurs être un échec dans la mesure où le régime de Téhéran pense toujours que sa sécurité dépend de l'exportation de la révolution et des milices qui promeuvent l'extrémisme. Le régime veut aujourd'hui renforcer son contrôle sur l'Irak et assurer une enclave sur le Hezbollah près de la méditerranée. Aussi, il faut que l'Iran quitte la Syrie et cesse l'ingérence permanente.
James Conway, général et ancien commandant du corps des U.S. Marine confirme que c'est l'Iran qui, aujourd'hui, distribue les cartes pour la plupart des capitales du Moyen-Orient : Beyrouth, Sanaa, Damas... La Syrie représente toutefois de loin l'effort le plus dangereux et conséquent des Gardiens de la Révolution. La confrontation entre Israël et l'Iran est majeure dans les relations de la région et le résultat des semaines à venir va remettre en question ces relations. Selon M. Conway, il faut encourager les sanctions les plus sévères vis à vis de l'Iran ainsi qu'encourager les Européens à mettre également en place des sanctions pour empêcher le régime d'exercer une pression constante dans la région.
Frédéric Encel, spécialiste du Moyen-Orient, a fait remarquer que l'on subissait de manière permanente, au Moyen-Orient, l'impérialisme du régime Iranien. La fuite en avant de ce régime s'est exprimée par sa présence au Liban via le Hezbollah, groupe qui ne respecte pas les accords de Taef, mais également par sa présence au Soudan, au Yémen et en Syrie, où l'impérialisme est extrêmement dur. Toutefois, ces pays ne sont pas contigus et ne représentent pas de menace directe pouvant légitimer une intervention de l'Iran. Il convient aujourd'hui d'affirmer que le peuple iranien en a assez, alors même que le régime craint de ne plus avoir le soutien de l'opinion publique.
Yves Thréard, éditorialiste du Figaro, s'interroge sur l'attitude des français vis à vis du retrait américain de l'accord nucléaire. Lorsqu'est survenue la révolution iranienne, la mise en place des Gardiens de la Révolution n'a pas été suffisamment prise au sérieux face à l'ampleur du danger et la pédagogie n'a pas été faite. Le monde n'a pas compris ce qui allait arriver, et les appels à la révolution mondiale de Khomeiny n'ont pas été traduits dans la presse occidentale. Aujourd'hui on retrouve le même phénomène : ce qui se passe en Iran au sein de la population est très peu retranscrit en Europe, et notamment la récente grève dans le Bazaar de Téhéran. Il est important que le président de la République Française statue sur la question. Est ce que la France peut se permettre de se tourner vers l'Iran et de considérer Washington comme un adversaire ?
Selon Mohammed al Sulami, président de l'Institut International pour les Études Iraniennes, le Moyen-Orient souffre aujourd'hui des forces des Gardiens de la Révolution, et particulièrement le peuple iranien. Pour repousser et contrer le régime iranien, les pays démocratiques peuvent le confronter, via des organisations internationales et régionales, au système judiciaire international. Aussi, ils peuvent le confronter économiquement en identifiant clairement les entreprises internationales détenues par les CGRI et en arrêtant de commercer avec. Enfin, ils peuvent le confronter militairement en s'attaquant aux organisations terroristes. Quoi qu'il en soit, il faut que les différents pays coopèrent, et principalement sur les informations à propos du régime.
Le CGRI et les sanctions
M. Lincoln Bloomfield ouvre le troisième panel qui a pour but de s'intéresser aux sanctions mises en place contre le régime et à l'attitude des Gardiens de la Révolution.
« Les gardiens de la révolution sont une très grande entreprise : comment la communauté internationale peut-elle réagir pour montrer son objection à cette organisation ? », a interrogé M. Bloomfied.
Selon Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la Recherche Stratégique, on ne peut nier que les sanctions aient été particulièrement importantes pour contraindre le régime à négocier, notamment quand on regarde à quel point l'économie s'est contractée et les revenus du pétrole ont chuté. Les Gardiens de la Révolution se sont adaptés à ces sanctions, mais, dans certaines parties de l'économie, elles ont contribué à renforcer leur influence. L'espoir est que le désaccord entre l'administration américaine et les européens n'empêche pas de s'accorder sur certaines problématiques. Selon M. Tertrais, il ne semble pas qu'il y ait de nouvel accord, bien que le Président Français ait donné l'instruction de travailler avec les autres dirigeants européens. Le président français à annoncé qu'il comptait se rendre à Téhéran mais il ne le fera pas car il a vu les limites de ce qu'il est possible de faire avec le régime iranien. Le retardement de cette rencontre est au final un bon signe pour limiter les divergences entre Washington et les capitales européennes. Un changement de régime proviendra surement du peuple lui même en raison de la mauvaise gestion politique et économique du pays et de la brutalité des Gardiens de la Révolution et pas seulement en fonction uniquement des sanctions.
Selon Eduard Lintner, ancien ministre de l'intérieur allemand, tout changement en Iran est lié au démantèlement des Gardiens de la Révolution. Les sanctions affectent principalement la population, c'est l'opinion qui prévaut en Allemagne. Ces sanctions ont fait en sorte que le régime ait moins d'argent, il ne pourra donc commettre autant de crimes que par le passé. La position des Gardiens de la Révolution dans la région est une forme de succès pour le régime iranien. De nombreux pays ont recommandé de couper les liens diplomatiques avec l'Iran tant que les Gardiens de la Révolution seront au pouvoir. L'opinion en Allemagne soutient fortement la Résistance Iranienne. M. Lintner appelle à informer correctement notre opinion publique sur ce qu'il se passe sur le terrain et à demander à nos gouvernements de regarder à nouveau les sanctions à mettre en place sans impacter l'ensemble de la population.
Michael Pregent, analyste pour le Moyen-Orient au Hudson Institute, appelle que les protestataires demandent le soutien de l'Europe et de l'Amérique. Il y a des opposants politiques qui sont emprisonnés, il y a des gens assassinés, et il faut que plus de médias occidentaux couvrent ces faits quotidiens car on se perd parfois en terme d'importance entre les différentes actualités. Les sanctions de l'administration Obama visaient à amener l'Iran à la table des négociations mais le régime a tout récupéré lors de l'accord de Vienne. Les protestataires blâment le régime pour la chute de l'économie et le tiennent responsable d'avoir violé les résolutions du Conseil de Sécurité de l'ONU. Si le régime n'avait pas bafoué toutes ces règles, l'accord sur le nucléaire tiendrait debout. L'accord sur le nucléaire a échoué à cause du soutien iranien aux groupes terroristes en grande partie.
Robert Joseph, ambassadeur et envoyé spécial des États-Unis pour la non- prolifération nucléaire fait remarquer qu'il est important de noter que les sanctions fonctionnent mieux lorsqu'elles sont couplées au soutien du peuple. Il semble qu'aujourd'hui la population comprenne quelles sont les causes de la crise économique et qu'elle blâme directement le régime iranien. Il est important de travailler avec l'opposition qui demande un Iran libre et démocratique face à la perversion du régime en place. Il est clair qu'il est possible de s'attaquer au réseau financier des Gardiens de la Révolution. Tous les aspects du régime sont anti démocratiques : il est brutal. Il ne peut pas devenir modéré et prendre le chemin des réformes car il sait qu'il est condamné à terme. Il faut soutenir l'opposition à l'intérieur de l'Iran. Un changement de régime doit être fait par et pour le peuple iranien et cela demande un certain sacrifice. Il y aura forcément une étincelle qui entrainera la chute du régime.
Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur à l'Institut Thomas More, pense que l'accord de 2015 est un mauvais accord dans la mesure où le régime a conservé son arsenal nucléaire. L'esprit général de l'accord n'a pas été respecté dans la mesure où la démocratie n'est jamais parvenue. La méthode européenne mise en avant par Paris, Londres et Berlin est de maintenir un accord en s'appuyant sur ce qui existe déjà. Ça a surtout été une rhétorique car d'emblée, les responsables du régime iranien ont exprimé leur refus. Selon M. Mongrenier, ce qui manque à la stratégie américaine est une vision d'ensemble qui dépasse le simple « chacun pour soi ».
Protestations en Iran et rôle de l'opposition
Le quatrième et dernier panel est ouvert par Mitchell Reiss, ambassadeur, ancien directeur du département d'État américain chargé de la planification des politiques et envoyé spécial pour le processus de paix en Irlande du Nord. Selon lui, l'accord nucléaire n'a pas dissuadé le régime de conquérir le Moyen-Orient et l'Amérique essaye d'envoyer un message fort à travers la sortie de cet accord.
Michael Mukasey, ancien procureur général des Etats-Unis, affirme qu'il faut rester prudent par rapport à la manière les idées sont défendues. Tout l'argent donné à l'Iran reste dans les poches de ceux qui oppressent le peuple. Le peuple veut pourtant que l'argent serve, sur place, et commence à élever la voix. Nous devons lui donner à notre tour des moyens de communication afin qu'il maintienne cet élan.
Selon Louis Freeh, ancien directeur du FBI, l'ensemble des pressions exercées sur le régime n'ont pas dissuadé de l'objectif premier qui est l'exportation du terrorisme. Le régime et les Gardiens de la Révolution continuent d'exporter le terrorisme en Syrie, au Yémen, en Irak. L'opposition ne représente pas seulement une jeunesse en colère mais bien une grande partie de la population qui fait preuve de grand courage face à ce qu'elle subit. Les commerçants du Bazaar, épines dorsales de l'économie iranienne, également sont très en colère. Nous voyons donc à quel point l'accord de 2015 était erroné. Il est temps d'avancer avec persévérance. Mme Radjavi, la présidente élue du CNRI, a le charisme et l'intelligence nécessaire pour défendre son cas aux Etats-Unis.
Pour John Baird : « La seule chose qui retient l'Iran d'exprimer toute sa grandeur, c'est le régime des Mollahs ». En effet, l'ancien ministre des Affaires étrangères du Canada, pense qu'il faut faire en sorte que les protestataires se rassemblent pour des jours bien plus beaux à l'avenir pour le peuple iranien. L'Iran a un potentiel énorme d'une nation aux valeurs d'éducation et qui possède d'immenses ressources. Ceux qui combattent politiquement, économiquement, nous devons les aider.
Selon Yves Bonnet, Préfet honoraire et ancien directeur de la DST, c'est la première fois la démocratie américaine, change d'attitude à l'égard du régime iranien. L'administration américaine dispose dorénavant des élèments qui lui permettent de tout comprendre les idéaux du CNRI, jusque là ignorés par les précédentes adminsitrations.. Bien que les français se moquent de M. Trump, mais celui-ci comprend enfin quelque chose à la politique extérieure à mener et notamment vis à vis de l'Iran en expliquant que la politique de complaisance vis à vis du régime menait à la faillite. M. Bonnet a tenu à revenir sur l'histoire politique iranienne notamment en rappelant que plusieurs erreurs ont été commises dans les politiques vis à vis de l'Iran telles que le coup d'etat de la CIA contre Mossadegh ou la mise en place d'une police politique du Shah soutenue par les américains et les anglais, les machinations entre le régime iranien et le pays occidentaux (américains et européens compris) pour stigmatiser l'opposition iranienne...
Struan Stevenson, coordinateur pour le changement en Iran, explique : « depuis décembre dernier, avec les manifestations dans les 142 villes, les gens ont retrouvé leur voix. » En effet, ces gens sont prêts à perdre leur vie pour manifester. Une éruption volcanique va balayer ce régime du mal. Il a répliqué de la manière habituelle, et ont arrêté de nombreuses personnes dont 14 personnes torturées à mort qui auraient été tuées par overdose en prison. Les gens regardent la manière dont les mollahs utilisent l'argent national pour financer les milices chiites, les rebelles houtis, le hezbollah. Pour lui, Rohani n'est pas un modéré, il est un monstreparmi d'autres au pouvoir en Iran. Il explique aussi les crainte du régime de son opposition : « Il craignent Madame Radjavi car il craignent la démocratie et ont peur de la liberté »
Selon l'ancien premier ministre algérien Sid Ahmed Ghozali, il ne peut pas y avoir de régime des Mollahs modéré car il est basé sur l'instrumentalisation de la religion musulmane à des fins politiciennes. L'islam se définit dogmatiquement par la religion du milieu, qui déteste les extrêmes. Ceux qui tuent des innocents ne peuvent être modéré. Ils commettent des crimes contre l'humanité.L'attitude de complaisance des occidentaux vis à vis des Mollahs menace l'humanité entre elle. La tragédie iranienne réside dans le passage d'une dictature du Shah à une dictature iranienne. L'Iran veut dominer le monde arabo-musulman par la déstabilisation. Lesmanifestations récentes indiquent un nouveau stade : celui de la décomposition iranienne. Le peuple ne peut qu'être vulnérable lorsqu'il voit ses ressources et richesses gaspillées par un régime qui ne lui donne rien.
« Nous sommes de plus en plus nombreux à expliquer la réalité de la lutte du peuple iranien et les enjeux que cela représente pour ce peuple mais également pour nous tous, membre de la communauté internationale et amoureux de la paix », Sid Ahmed Ghozali